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Des Boires De soirs

25 juillet 2016

Témoignage de violence conjugale

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On a tous connu de près de loin, des personnes qui on subit, qui subissent la violence conjugale.

Un voisin, un ami, un proche, un membre de sa famille. Des cris, des pleurs, des sons lourds, puis le terrible silence pesant qui s'en suit, presque inquiétant ou rassurant.

On est tous passés par des sentiments différents, l'incompréhension, l'étonnement, le jugement, l'incompréhension, l'ignorence, l'indifférence, la tristesse, l'impuissance. On ne comprend pas, on peut aller jusqu'à penser que la personne le cherche, aime cela, provoque... Doit-on intervenir, si oui, à partir de quand comment ? Toutes ces questions qui nous passent par la tête, et finalement, on ne sait pas, pas plus que ceux qui le vivent ne le savent.

Et puis, quand il s'agit de notre voisin, de notre proche, on a parfois aussi honte de ne pas être intervenu, de croiser son regard, de savoir... et de ne toujours rien faire.

Mon ressenti, c'est que nous sommes nombreux à être ignorants de ce sujet, on va même jusqu'à penser que cela ne peut pas nous arriver à nous. Nous nous sommes posés... avec de bonnes bases... Et pourtant...

C'est un peu comme une maladie, la varicelle par exemple. On a rien demandé et pourtant elle arrive. On ne la voit pas arriver, on sait qu'il y a un risque.. mais on pense pouvoir passer à travers. On a des petits boutons au début transparents et on s'en prend au chat pensant qu'il a des puces. Puis les vrais boutons arrivent, on se gratte, on dérouille si on l'attrape adulte, et pourtant il est trop tard on y est. On a honte, honte d'une maladie. On ne veut pas être vu ainsi, on se voit ainsi, mais on a peur du jugement, on a peur des remarques, on n'a pas envie d'expliquer... Et bien la violence conjugale, quand on l'a subit, c'est un peu comme ça...

Quand on s'en rend compte, il est trop tard...

Une relation c'est comme un millefeuille, on apprend à découvrir l'autre au fur et à mesure. Bien sûr, si l'autre commençait dès le début à insulter, frapper, humilier, on prendrait vite fait nos jambes à notre cou et on courerait tel un coureur de marathon professionnel. Malheureusement, cela ne fonctionne pas comme cela.

Il est beau, il est intelligent, il est merveilleux. Moi je suis vivante, fragile, j'ai mes casseroles et j'ai tellement envie d'y croire.

Tout est si merveilleux, je l'aime, il m'aime... Peu à peu, il me fait des reproches, il teste et moi je ne vois pas la situation arriver, je ne comprends pas. Il me dit qu'il est fatigué, pourquoi en douter... Et puis, la mayonnaise prend, ça monte, peu à peu,jusqu'au jour où il se jette à ma gorge. Je ne comprends rien, j'ai peur, j'ai honte, je me sens mal. Je pleure toutes les larmes de mon corps, j'ai les yeux bouffis. Il dort, avant de s'écrouler j'ai cru entendre que c'était de ma faute. Je tourne en boucle, j'essaie de comprendre, je me sens responsable....

Demain je dois aller travailler, je vais mettre un foulard, ça va cacher les bleus. C'est rien. Peut être que j'avais trop bu, peut être que j'ai dit des choses qu'il ne fallait pas, peut être que... je vais m'excuser, cela va aller mieux. On va se refaire....

La journée passe, je croise le regard de mes collègues, je dis en plein mois de juillet que j'ai une début d'angine. Je vois que certains ne sont pas dupes, d'autres pensent que je plaisante, je souris. Tout ce que je veux, c'est le retrouver, tout va s'arranger... Oublier...

A qui en parler ? Je vais devoir me justifier, personne ne va me croire... Il est si parfait... tout le monde l'adore... Il brille par mille feux... Ou aller ? J'ai tout lâché... je vis chez lui maintenant... je n'ai plus de meubles, plus d'appart, je suis en froid avec ma famille... comment je fais... comment je fais...

Et lui, s'excuse, me dit qu'il est désolé, que c'est de la faute des invités, et moi... je le pardonne, j'ai envie de le croire... j'ai tellement envie d'y croire. C'est tellement inimaginable que j'ai du exagérer, déformer, provoquer. Il ne peut pas être ainsi.

Je pensais maîtriser la situation... Je n'ai plus rien maîtrisé ; j'ai signé pour près de 15 ans...

L'Homme a une telle capacité à s'habituer à tout et à finir par trouver normal les choses les plus anormales....

 

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  • On a tous eu un, une proche s'enlisant dans ses déboires et nous y ayant emmené un peu, beaucoup... Un peu de lumière, de rire, d'espoir par rapport à ces déboires qui parfois nous emportent dans la stupeur déconcertante de ce que nous vivons.
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